28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 18:47
Dès janvier 2015, chaque salarié devra bénéficier d'un entretien professionnel tous les deux ans. D'ores et déjà, il est conseillé de bâtir une stratégie pour pousser ses pions en interne. Les préconisations d'Yves Maire du Poset, expert en mobilité.

Exit l'entretien de deuxième partie de carrière, vive l'entretien professionnel. Une rencontre de plus? Pas seulement. A partir de janvier 2015, il s'agira pour l'employeur de faire un "état des lieux récapitulatif" de votre parcours professionnel en interne. Distinct de l'entretien d'évaluation, il formalisera une nouvelle obligation des entreprises, celle de veiller à la progression de ses salariés. L'occasion de prendre la main, de parler de soi, d'aborder tous les registres afin d'ouvrir de réelles perspectives de mobilité. Voici sept pistes proposées par Yves Maire du Poset, dirigeant du cabinet Piloter ma carrière*, pour anticiper et étayer une "offre professionnelle" charpentée et éloquente.

 

1- Evacuer l'a priori: "on me connaît"

Actif dans la maison depuis 10, 15 ou 20 ans, vous pensez que votre chef, votre gestionnaire de carrière ou le DRH a bien cerné votre profil. Rien n'est moins sûr! Nombre de managers ne repèrent que la technicité nécessaire à votre job. Or chacun de nous a de multiples facettes et une puissance professionnelle supérieure à ce que nous utilisons. C'est cela qu'il va falloir démontrer si vous voulez ouvrir d'autres portes. Le jour "J", votre supérieur risque de vous accueillir en disant "Je sais, depuis le temps que nous travaillons ensemble". Apprêtez-vous à répondre, "oui mais j'aimerais juste te rappeler en trois mots qui je suis..." ou "t'informer que...".

 

2- Noter faits et idées notables au fil de l'eau

Il s'agit de récolter dès aujourd'hui le matériau nécessaire à votre réflexion. Munissez-vous d'un cahier et renouez avec l'écriture. Formaliser noir sur blanc permet de mémoriser, de formaliser des idées et des mots justes. Dès qu'une pensée ou un souvenir professionnel intéressant vous vient dans le métro, le bus, une salle d'attente, au restaurant... notez-la illico sinon elle vous échappera. Et consacrez 1 à 2 pages à chaque thème afin de vous y retrouver aisément par la suite.

3- Prendre des RV avec soi-même

Réservez-vous sur votre agenda des temps de 45 minutes, une fois par semaine au moins, avec cet intitulé: "Mon moment". Le seul moyen de s'extraire de l'agitation quotidienne. Fermez tout, la porte de votre bureau, oubliez vos téléphones et votre ordinateur. Vous n'y êtes pour personne, même pour le boss. Profitez aussi de l'interruption estivale sur la plage ou à la campagne, pour vous projeter dans l'avenir. L'éloignement du bureau aide à faire le bilan et à faire le point sur son potentiel.

 

4- Bâtir sa courbe de carrière

Durant ces retours sur soi, revisitez votre parcours professionnel. Prenez une feuille de papier et un crayon. En abscisse, indiquez-en les dates significatives -poste, entreprise, responsabilités- et en ordonné un taux de satisfaction de 0% (l'enfer) à 100% (le paradis). Dessinez une première courbe croisant ces items. Puis réalisez une deuxième courbe plus détaillée en illustrant chaque étape clé de faits concrets (missions, tâches, résultats). Les hauts et les bas vous sauteront aux yeux et vous éclaireront sur les points majeurs à creuser: ce qui vous a permis de réussir; ce qui a conduit à l'échec. N'omettez aucun domaine: compétences, motivation, environnement, moyens... Puis relevez ce qui vous a rendu heureux et ce qui vous a paru pénible. Et élucidez le pourquoi.

5- Repérer ses "fiertés"

Interrogez-vous: "Qu'est-ce que je sais faire de mieux? De mieux que d'autres? Qu'est-ce qui me fait vibrer?". Vous allez débusquer des talents particuliers, différenciants, valorisants et que vous pourrez exploiter dans l'avenir (sens diplomatique, habileté manuelle, etc.). Je me souviens d'un ingénieur confirmé, qui, lorsqu'il débuta en bureau d'études chez Renault, résolut un casse-tête d'agencement de pièces mécaniques grâce à l'utilisation d'un chewing-gum. Son ingéniosité avait épaté ses collègues. Ce "Géo Trouve tout" a l'art de raconter cette anecdote dans tous types d'entretiens et elle marque les esprits.

6- Ecrire et "pitcher" cinq expériences réussies

Il s'agit d'exhumer les ingrédients du succès. Là encore, prenez un papier et du crayon et narrez à chaque fois sur deux pages au maximum un projet bien mené. Explorez systématiquement trois chapitres: le problème, ce que j'ai fait (ou "nous avons fait"), le résultat. Cela permet de structurer le raisonnement. Relisez-vous et affinez le texte en montrant ce que cette histoire a d'unique par rapport à d'autres similaires: un savoir-faire, une méthode, un goût du contact. Enfin résumez-la en trois lignes en vue d'accrocher votre futur interlocuteur en un temps record.

7- Aller à la rencontre d'autres métiers

Comment vous voyez-vous dans 5, 10 ou 15 ans? La question est difficile, mais elle a son importance. Rencontrez des pairs ou des hiérarchiques des services d'à côté pour clarifier vos envies et, le cas échéant, changer votre image. Tel cet ingénieur d'une grande SSII qui à 47 ans, se voyait bien en "communicant". Il était doué à son poste, mais dans le fond il s'ennuyait. Il a osé se renseigner autour de lui et dire son aspiration à son n+1 et aux RH alors qu'il n'avait pas la formation ad hoc. Comme il avait un solide esprit de synthèse, une bonne plume et un bel appétit en matière relationnelle, il a fait valoir ses arguments et a pu bifurquer à la direction de la communication. Meme pour les timides, aborder vos voisins d'étage n'est pas si compliqué: "je travaille sur tel sujet, vous pourriez sans doute m'aider... Et vous, votre métier consiste en quoi précisément?". Les gens adorent parler d'eux. En plus ils mentionneront peut-être de jolies opportunités intra muros.

 

http://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/sept-conseils-pour-bouger-en-interne_1550212.html 

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 12:44

Les-Echos-5-mai-2014.jpgEt si, pour changer d´air, vous faisiez un petit détour par un bon « classique » fourmillant d´idées qui ne manqueront pas d´enrichir vos réflexions et de vous aider dans vos actions futures ?

Avec Balzac, on n´est jamais déçu. Forcément il y a tant de choses dans ses livres : des personnages hors du commun, des aventures incroyables, des leçons de vie, des perles à chaque page qui ne cessent de vous arracher sentiments d’admiration, élans d’intérêt, voire de passion et, parfois, quelques rires jaunes parce que vous vous apercevez vite que c’est de vous dont il s’agit…

Sociologue, historien, psychologue, politique, moraliste, observateur en tous genres, rien ne l’arrête. Il sait vous entraîner dans le tourbillon de ses passions et de ses emportements. Lire un roman de Balzac, c’est accepter dès le départ d’en sortir transformé, comme ébouriffé par grand vent !

Si j’ai choisi aujourd’hui de vous parler de ce Médecin de campagne, c’est parce qu’il s’agit d’une belle histoire dont les enseignements sont fort intéressants et pleins d’actualité. Faut-il ajouter que le roman est si magnifiquement écrit qu’on entre dans l’histoire comme un ver dans la terre…

C’est quoi l’histoire ?C’est principalement celle d’un personnage haut en couleurs : Benassis. Il est médecin, arrive à mi vie dans un village du Dauphiné, en devient maire et, en quelques années,  sort toute la contrée de sa torpeur. Là où misère économique et pauvreté régnaient en dépit d’une riche nature, il sait créer peu à peu de la croissance avec toutes sortes d’activités agricoles et industrieuses. Sa technique ? Il commence par observer ce pays ; il repère vite ses  quelques ressources puis cherche à identifier les attentes des populations du canton et de Grenoble, la grande ville la plus proche. A force de travail et de conviction, il réussit à créer de nouvelles richesses. Un exemple : il constate que tous les paysans achètent à Grenoble les clayons dont ils ont besoin pour y livrer leurs fromages. Il convainc donc un paysan de cultiver de l’osier puis réussit dans la foulée à créer de toutes pièces une petite industrie fabriquant toutes sortes de produits de vannerie : paniers, claies… afin d’alimenter les marchés avoisinants. Fort de ce premier succès, il fait venir la main d’œuvre nécessaire pour accompagner l’essor de cette activité et crée ce qu’il faut pour satisfaire leurs nouveaux besoins… Ainsi en quelques années, Benassis crée-t-il un cycle économique et social vertueux. Tous sont derrière lui car il a su imposer son autorité mais il est surtout un homme de bien qui n’a d’autre but dans la vie que celui de servir.

Car là est son secret : on comprend que cette vie est l’endroit d’un envers moins illustre. Benassis rend en effet à l’humanité ce qu’il lui a pris dans sa jeunesse : en offrant désormais son intelligence et son expérience aux autres, il paye sa dette. Tout au long du roman, vous le verrez avec bonheur, Benassis va raconter cette vie passée et s’en expliquer.

Aujourd’hui, quels enseignements peut-on tirer d’une telle œuvre ?

Quelques lignes ne suffisent évidemment pas à rendre compte de sa richesse. J’ai donc choisi de ne sélectionner que deux enseignements, que notre modernité, si souvent dans l’excès, ferait bien de prendre en compte : l’un sur la marche de l’économie et l’autre sur le management.

Un enseignement sur la marche de l’économie. Si l’on suit notre médecin de campagne, pour créer de la croissance, il faut commencer par regarder à sa porte : là se trouvent les premiers besoins à satisfaire. Certes, ce ne sont au démarrage que des besoins primaires mais leur satisfaction créera vite la richesse suffisante pour ouvrir la porte à d’autres besoins plus élevés. Balzac faisait déjà ce constat que « c’est l’activité qui crée l’activité. »* 

Or avec  ce livre, nous mesurons notre échec actuel sur ce terrain de la création économique. Notre choix de nous retirer de certaines activités considérées comme inférieures n’en est-elle pas la cause principale ? En faisant le pari du développement uniquement technologique tout en renonçant au reste, nous avons fait le lit d’une croissance qui finalement s’éteint parce qu’incomplète et donc déséquilibrée.

L’exemple édifiant que Benassis donne de la création d’une activité de tanneries et de confection de chaussures rappelle l’un de nos choix inconséquents il y a quelques décennies : ne plus fabriquer de chaussures. Pensions-nous à l’époque que nos contemporains iraient désormais pieds nus… ? Finalement, qu’avons-nous gagné dans cette opération ? Notre industrie de la chaussure a disparu et son berceau, Romans sur Isère, a un taux de chômage record de 21,15% ! Et nos enfants ne marchent plus qu’avec des mochetés en plastique fabriquées en Asie et dont les prix, bien supérieurs à une chaussure classique en cuir de qualité, font le bonheur d’entreprises étrangères florissantes !

Question : dans nos projets économiques, dans l’entreprise, dans nos institutions…, ne sommes-nous pas atteints par le syndrome de la « grossitude » qui finalement nous éloigne de nous-mêmes ? En dédaignant les « petites » activités, on se prive de l’essentiel : la chance d’un  travail pour tous. Facteur principal de la socialisation, celui-ci permet à l’individu de croire en lui puis de nouer des liens utiles sur le plan économique. Or qu’avons-nous fait depuis tant d’années sinon tourner le dos à cette évidence et à son corolaire, le bonheur pour tous d’« entrer en société économique » et de participer à son essor ?

Conséquence : il faut très vite reprendre langue avec le local et la proximité des besoins économiques primaires. Ce qui exige de faire un peu moins de place aux économistes « macro » qui sont dans l’échec absolu et d’en faire davantage à des économistes de terrain qui comprennent ce que veut dire le concept de création de valeur économique. Car c’est sur ce créneau que l’activité nouvelle est la plus facile à créer et que la mobilisation des populations est la plus vive.   

Un enseignement sur le management. Benassis sait faire bouger les choses en alliant efficacité du chef et goût de l’humanité. Pour réveiller sa contrée, il y investit toute son énergie. Il n’est pas un économiste ni un politique mais il observe, écoute, cherche à comprendre les uns et les autres. C’est ce goût de la proximité qui produit chez lui de la créativité. Et, quand il est convaincu, il lance ses projets. Il jauge chacun des acteurs, il leur fait confiance, il les met à l’épreuve et les accompagne par sa présence constante. Il sait se retirer dès que le succès se fait visible mais sait se réjouir avec ceux qui l’ont produit.

Benassis croit en l’Homme, infiniment. Toujours, il agit avec cette bienveillance qui donne de la dimension à son ambition d’« élever ce pays comme un précepteur élève un enfant.» Il connaît les Hommes et n’en attend pas plus que ce qu’ils peuvent donner, chacun  sa mesure. Charitable ? Oui mais avec modération : en tant que médecin, il ne fait payer que ceux qui le peuvent, en économiste, il cherche avant tout à accompagner les volontés. Il sait donner, accorder du crédit, il sait aussi s’enrichir mais avec cette mesure qui intègre le partage nécessaire du succès avec ceux qui le construisent. En somme, Benassis est un bel exemple de manager équilibré qu’on aimerait voir fleurir davantage !  

Yves Maire du Poset

*Michel GODET car il faut rendre à César…

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 07:47

Les Echos 24 avril 2014        Savoir se présenter, dire qui l´on est en quelques mots est souvent paralysant. Or curieusement, personne n´est préparé sur cet aspect du Marketing personnel... Pourtant, parler de soi, cela s´apprend ! A la clé, une confiance en soi retrouvée pour tisser de nouveaux liens !

 

Sur bien des sujets importants de la vie, nous ne bénéficions d’aucune instruction : se nourrir, nouer des relations, entretenir son corps, gérer son temps…. Des impasses sont ainsi faites qui nous mettent souvent en difficulté !

Savoir parler de soi fait partie de ces exercices considérés comme allant de soi. Et c´est sans préparation qu´à chaque rencontre, on tente de dire qui l´on est, ce que l´on sait faire, ce que l´on peut apporter et… pourquoi nous ne ressemblons à personne ! Or neuf fois sur dix, dans ce genre d’exercice, on se prend les pieds dans le tapis. Sans chute mortelle mais tout de même, on se dit après coup qu’on aurait pu mieux faire. Parfois même, sur le chemin du retour, le doute s’installe : « qu’est-ce que mon interlocuteur a compris de ce plat de nouilles que je lui ai servi… ? sait-il vraiment qui je suis… ? » Et chacun comprend vite que faire une première bonne impression ne se renouvellera pas deux fois… 

Des faits accablants. A l’heure du marketing de soi, du « personal branding », du « story telling », que sais-je encore…, pas une école, pas une université n’en fait un passage obligé dans son cursus : pense-t-on que les jeunes diplômés peuvent aborder le marché de l’emploi sans préparation, que les rencontres professionnelles avec les recruteurs comme avec le réseau se feront sans avoir à parler de soi… ?

Dans l’entreprise, ce thème n’est guère mieux traité. La preuve ? Il ne représente rien dans le budget de formation. On considère, là aussi, que cela va de soi : vis-à-vis des clients comme des fournisseurs, on ne bénéficie d’aucune préparation pour se présenter. Même pour les commerciaux : si pour muscler la relation avec les clients, on les forme aux techniques commerciales, ils ne sont jamais formés sur l’art de parler d’eux*. Or y a-t-il meilleur moyen de favoriser le lien de confiance avec le client qu’une bonne connaissance mutuelle allant au-delà du professionnel ?

Ceci est d’ailleurs vrai pour tous les acteurs de l’entreprise pour qui les occasions de parler de soi sont nombreuses. Elles participent en effet au confort des salariés qui ont besoin de reconnaissance et d’évolution, du manager qui a besoin de meilleurs liens avec ses équipes, du nouvel arrivé qui veut réussir sa prise de poste, du chef d’entreprise qui a besoin d’un « story telling » mobilisant…

C’est également vrai dans la vie quotidienne. Vous croyez que vos proches savent ce que vous faites sur le plan professionnel ? Demandez à l’un d’entre eux de vous dire en quelques mots ce qu’il dirait de vous pour vous présenter et vous serez édifié ; faites le test avec votre belle-mère ou votre beau-frère, vous verrez ! Je ne plaisante pas : en ne sachant pas dire qui nous sommes à nos proches, nous les privons peut-être du bonheur de participer à notre propre réussite et nous piétinons des opportunités dont nous aurions pu profiter.

La cruelle réalité. Mais le pire est qu’en sous-estimant l’importance de se préparer sur ce thème, nous nous privons d’un atout majeur au démarrage de tout entretien : parler de soi savamment développe en effet chez votre interlocuteur une attention redoublée. Ainsi pendant qu’il vous écoute, vous êtes en réalité vous-même en train de l’observer et de l’écouter. Vous le pouvez aisément car vous êtes comme libéré de ce risque de l’improvisation qui atténue toute capacité d’écoute. Réussir à bien parler de soi vous fait gagner ainsi du terrain sur votre interlocuteur. C’est ce qui fait la force d’un acteur maîtrisant parfaitement son texte, quand bien même un spectateur s’écroulerait dans la salle, il saurait mener son texte à bon port ! 

Parler de soi, cela s’apprend. Travailler sur ce sujet sert non seulement à construire un discours compréhensible et percutant mais aussi à donner à son interlocuteur les éléments qui lui permettront de se mobiliser sur votre histoire. Tout dire en quelques minutes ? Non mais dire ce qu’il faut pour donner envie, étonner quelque peu pour maintenir cette envie, intriguer parfois pour le mobiliser sur votre récit… A ce stade de l’échange, ce n’est pas de conviction dont votre interlocuteur a besoin mais de points d’accroche sur votre récit ! Vous êtes comme un pêcheur qui lancerait simultanément plusieurs hameçons dans l’espoir que l’un d’entre eux prendra…

Mais avant cela, il faut apprendre à décliner ces éléments susceptibles de capter l’attention de l’interlocuteur,  apprendre à les ordonner et ensuite apprendre à les formaliser. Ainsi vous livrerez de façon progressive ce que l’autre attend. Car ce discours doit faire quatre choses en même temps qui, hélas, ne vont pas ensemble : rassurer, séduire, faire comprendre et raconter. Un vrai travail de formalisation est donc nécessaire pour parvenir à ramasser tous ces éléments en quelques minutes, dans un esprit permanent d’équilibre. Presque de la littérature vous dis-je… ! Hélas, faute de préparation, le risque de perte d’attention de votre interlocuteur est grand (je n’ai pas dit d’endormissement…).

J’ajoute qu’un tel exercice doit, au démarrage de l’entretien, viser une certaine universalité : on ne connaît pas forcément la personne que l’on rencontre. Pour ne pas se tromper, il s’agit donc de composer son discours en s’adressant à tous les types de personnalité : les cerveaux gauche comme les droits, les corticaux comme les limbiques. Je vous devine en train de sourire… mais croyez-vous vraiment qu’un profil purement ingénieur vous entendra de la même façon qu’un profil purement créatif, un profil financier autant qu’un profil littéraire ! Pour bien communiquer, il faut commencer par n’exclure personne ! C’est seulement dans un deuxième temps que vous affinerez votre communication en fonction de la personnalité qui, dans l’échange, se fera jour.

Au fond, savoir parler de soi est simple : l’objectif est de livrer à votre interlocuteur, dès le démarrage de l’échange, des éléments à quoi il peut, a priori, s’intéresser. Quant aux moyens d’y parvenir, ils nécessitent un vrai travail de formalisation pour arriver à l’idéal d’une bonne communication de soi : mêler dans un même discours ce que vous pouvez apporter et ce que l’autre attend !

Yves Maire du Poset

 

* D’ailleurs, les commerciaux dans l’entreprise ne sont pas mieux formés sur l’art de présenter l’entreprise qui les emploie, chacun la décrivant à sa manière…

 

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 08:02

Les-Echos-4-avril-2014.jpgVous êtes « invité » à sortir de votre entreprise. On vous propose un outplacement ? Prenez-le ! Mais avant, sachez quels sont les bons critères pour choisir votre consultant, quels  sont les principaux pièges et défis auxquels vous serez confronté !

Ce matin, Pierre est prié gentiment d´aller voir ailleurs ! Son entreprise vient de le lui faire savoir : son poste n’a plus l’intérêt qu’il avait par le passé. Sa personne n’est, bien entendu, pas en cause, on lui garde toute confiance mais sur le plan économique, les faits sont têtus : on a eu beau chercher une solution en interne, « on n’a pas trouvé pour lui de mobilité heureuse. » Bien évidemment, on ne va pas le laisser tomber : un cabinet d’outplacement va l’aider à passer dans les meilleures conditions cette transition et, quoi qu’il arrive, « nous serons toujours là, mon cher Pierre, pour vous aider…»

Pour tous ceux qui sont dans cette situation et quand bien même la pilule est enrobée de caramel, la secousse est violente. Et, selon qu’ils sont plutôt battants ou battus, au sommet ou fondus dans la masse, experts ou généralistes, paranos, raisonnables, fatalistes, que sais-je encore…, les questions fusent, sans beaucoup de réponses à ce moment-là.

Ajoutons que ce problème « pro » va vite devenir un problème éminemment « perso » : en quelques jours, vous allez en effet faire une auto-psychanalyse à vitesse grand V ! Passer en effet d’un statut confortable de salarié à celui de demandeur d’emploi pointant chez Pôle Emploi… au secours !

Le consultant, sa mission. Or c’est dans un tel tourment que va intervenir l’outplaceur qui vous suivra sur ce chemin vers une nouvelle activité. D’abord en vous faisant réfléchir sur vous ; puis en vous aidant à vous projeter dans l’avenir ; et, enfin, en vous préparant à convaincre le marché. Telles sont les grandes étapes classiques d’un outplacement.

Sur le papier, tout semble clair, structuré, presque facile. Pourtant les choses ne le sont pas autant qu’on pourrait s’y attendre. En voici les raisons : l’outplaceur n’est en aucun cas Dieu le père ou je ne sais quelle machine magique ayant réponse à tout pour vous guider dans votre recherche. Il est en effet lui-même confronté à quatre défis qu’il a pour mission de relever avec vous.  Et c’est sur sa capacité à les relever, et sur cette seule capacité, qu’il vous faut le juger.

Premier défi : vous aider à mettre de l’ordre dans votre offre afin d’en dégager une puissance majeure : au début, votre offre ressemble probablement à une chambre d’enfant mal rangée plutôt qu’à une pièce savamment ordonnée où chaque objet serait à sa place. Question : avez-vous une idée claire, précise et complète de ce qu’il y a dans votre offre et de ce qui peut intéresser le marché… ? Deuxième défi : vous aider à percevoir quelle image professionnelle vous avez vraiment : l’image que vous avez auprès de ceux que vous connaissez compte en effet beaucoup dans l’offre que vous allez construire. Question : à part cet entretien d’évaluation sec, chiffré et emprunté auquel vous avez droit une fois par an dans votre entreprise, de quand date le dernier feed-back d’un expert sur cette question sensible… ? Troisième défi : vous  aider à communiquer avec de la technique pour convaincre : vous vous sentez peut-être très fort dans la vie commerciale mais êtes-vous vraiment préparé à vous vendre ? Question : êtes-vous bien sûr que le discours que vous allez « servir » à vos futurs interlocuteurs servira au mieux votre cause… Savez-vous communiquer « à cerveau total » ? Quatrième défi : vous donner sur tous ces sujets essentiels le bon exemple en choisissant de vous dire la vérité : savoir parler de vous avec justesse et clarté, savoir écrire pour être reçu par ceux qui peuvent vous être utiles, savoir gérer toutes les embûches probables des entretiens sans se faire « bananer…», relancer au téléphone ceux qu’on connaît et ceux qu’on connaît moins… Bref, sur tous ces thèmes, c’est surtout d’entraînement dont vous aurez besoin ! Question : de quand date votre dernière confrontation au réel sur de tels sujets ?

De tels défis exigent en effet quatre qualités humaines essentielles : une attention faite de toute l’humilité nécessaire pour comprendre chaque situation, une expérience de la relation humaine réellement vécue et large, une vision du marché de l’emploi globale et pertinente et enfin une capacité à transmettre non seulement le concept utile mais la bonne pratique.

C’est de cette complétude et de cet équilibre de qualités dont l’outplacé a besoin et non de ces faux arguments vendus pourtant avec éclat : l’accueil du cabinet (aux petits oignons…), l’épaisseur de la moquette…  Pire, la taille du cabinet qui, bien vantée, rassure le besoin grégaire de l’outplacé en lui offrant l’illusion d’un retour immédiat dans le cocon d’une entreprise (« Dans notre cabinet, vous allez croiser beaucoup de gens dans votre situation… »), le relationnel du cabinet aussi long que le nez de Pinocchio, etc.

Oubliez tout ceci qui n’est pas l’essentiel et choisissez plutôt la voie de la raison : la recherche du bon duo que vous formerez avec le consultant choisi, non en fonction de vos petites faiblesses du moment et de votre besoin compréhensible d’être remis en confiance mais en fonction de ces vrais défis qui ne manqueront pas de se présenter et, qu’avec lui, vous relèverez afin de réussir cette transition.

Yves Maire du Poset

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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 16:07

Les-Echos-21-janv-2014.jpgPierre ROSANVALLON, professeur au Collège de France, veut redonner de la visibilité aux « oubliés » de la société. Une ambition dont l´entreprise aurait tout intérêt à s´inspirer pour sortir de ses excès passés et redonner de la vigueur et de la performance à la communauté qu´elle représente !

 

L’ambition de Pierre ROSANVALLON est à la fois grande et simple : redonner de la visibilité aux invisibles de la société, c’est-à-dire à tous ceux dont les vies et trajectoires, depuis 30 ans, ont disparu des écrans : chômeurs, ouvriers, cadres en fin de carrière, précaires de toutes sortes, gens aux fonctions de sous-traitance devenues obscures… Son idée : les engager à raconter leur vie afin de faire remonter à la surface un peu de leur puissance et de leur fierté. Par la narration, il s’agit de faire sortir ces vies personnelles et professionnelles de l’ombre dans laquelle elles sont plongées. C’est, selon lui, le meilleur moyen de réactiver le lien social que notre société moderne s’échine à détruire !  

 

L’entreprise ne devrait-elle pas, elle aussi, s’inspirer d’une telle ambition afin de recréer en son sein ces liens perdus durant ces 30 dernières années et qui ont indiscutablement entamé sa performance ? Car l’entreprise est confrontée à un contexte terriblement exigeant et à des changements perpétuels dont les effets ne sont pas tous suivis de bénéfices sur le plan humain : le formidable développement des outils techniques, la croyance au génie des organisations matricielles faisant parfois fi de tout bon sens, le primat des réductions de coûts bien souvent au détriment de toute innovation*, l’incessante fracturation des groupes se cédant, se reprenant, se « spin offant »…, l’éventail des rémunérations s’ouvrant à l’extrême dès la fin des années 80 et son effet clivant malheureux, etc.  

 

Autant d’excès qui n’ont pas toujours été synonymes pour l’entreprise de qualité. En délaissant ce versant humain au profit de celui de la technicité, de l’ordre gestionnaire et du profit avant tout, l’entreprise a fabriqué ce cloisonnement propice à l’ignorance des uns par rapport aux autres. Elle a du coup asséché un relationnel dont elle a pourtant le plus grand besoin. N’est-il pas en effet l’un des ingrédients majeurs de la réussite économique et surtout le plus sûr moyen de  lutter contre ces mornes tendances des 30 dernières années ? Oui, ce qui manque aujourd’hui à l’entreprise, c’est ce temps, ces liens et cette humanité sur lesquels elle n’a pas suffisamment puisé. Avec les résultats que l’on sait, dont la défiance qu’elle suscite n’est pas la moindre. C’est pourquoi remettre un peu de ces bons ingrédients dans l’entreprise, comme Pierre ROSANVALLON souhaite le faire dans la société, n’est pas seulement nécessaire pour recréer un esprit de communauté en son sein mais vital comme un pas vers l’équilibre !

 

Dans mon métier qui consiste à accompagner des cadres et dirigeants dans leur repositionnement professionnel, l’un des aspects qui frappe en effet le plus est leur grande difficulté à parler d’eux mais aussi à sortir de leur isolement. Et, en écrivant il y a 7 ans « L’art de parler de soi », j’avais déjà la même conviction : il fallait permettre à ces personnes de sortir de cet état de déprime latent et les aider à retrouver ces « fils fragiles » de leur histoire dont parle Pierre ROSANVALLON puis les aider à reconstruire ce récit nécessaire pour promouvoir leur offre professionnelle. Et leur donner ainsi les moyens de re-fabriquer aisément du lien pour rebondir dans ou hors de l’entreprise. L’équilibre entre la technique et l’humain s’étant défait, il me paraissait urgent de le rétablir.   

 

Pour l’entreprise comme pour la société, redonner la parole et reconstruire le lien est un enjeu de taille : en aidant les personnes à retrouver ce qui fait la force de leur histoire, en favorisant de la sorte la connaissance mutuelle de chacun, des métiers, des fonctions, des hiérarchies…, en participant au décloisonnement déprimant de ses organisations et de ses acteurs redevenus enfin visibles et reconnus, l’entreprise fait un pari de croissance vertueux : celui d’une performance accrue et partagée par sa communauté tout entière.

Yves Maire du Poset 

* n’y-a-t-il pas là une part des raisons de notre difficulté à récréer des emplois ?

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 15:24

JDN-2-janvier-2014.jpg

Bien  démarrer la nouvelle année commence par se donner un objectif ambitieux : reprendre la main sur son offre professionnelle et sur son relationnel !

A tous mes chers lecteurs du Journal du Net, je souhaite une bonne année 2014 !

Oui, une bonne année à tous et d’abord à notre pays. Rêvons un peu : de nouvelles perspectives plus attrayantes permettant à la croissance de revenir, avec de nouveaux défis industriels excitants et, cerise sur le gâteau, un chômage qui, enfin, reculerait… Car voici ce dont notre pays a besoin : de nouveaux horizons, de nouvelles idées, des innovations pleines de promesses… dont les deux premiers effets seraient de nous redonner confiance en nous et de nous retrouver.

N’est-ce pas là, pour notre pays, les deux ingrédients les plus importants pour assurer son succès futur : d’abord que les Français se réunissent autour de projets ambitieux et vibrants dans lesquels ils trouvent leur place. Ne lit-on pas volontiers qu’ils sont pessimistes, qu’ils sont en retrait, et que, dans l’entreprise, ils sont peu engagés ; on dit même qu’ils commencent à se méfier les uns des autres…  

Pourtant si chacun d’entre nous n’a pas, seul, le pouvoir  de transformer ces dures réalités politiques, nous pouvons tout de même à notre échelle faire avancer les choses. Comment ? En faisant en sorte que chacun, en ce début d’année, reprenne la main sur les deux éléments sur lesquels il peut agir : travailler sur son offre professionnelle de façon à en développer la puissance et travailler sur son relationnel de façon à permettre de nouvelles opportunités et à enrichir ses perspectives.

Concrètement voici mon premier souhait : ajoutez de la confiance en vous et, pour cela, je ne peux que vous conseiller de faire l’effort de prendre le temps (vraiment) de formaliser de manière structurée les trois points forts de votre offre et de les éclairer d’illustrations concrètes vécues. Rien de tel en effet pour mieux sentir de quoi l’on est capable. Ainsi en s’aimant un peu plus, on peut espérer s’élever. Car il en est ainsi, nous ne travaillons pas assez sur nous. Ecoutons Jean Guéhenno : « Notre plus grand manque est de si mal nous souvenir. A cette perte continue de nous-mêmes, tient peut-être cette insuffisance qu’on sent en soi, cette impuissance à changer la vie.»

Mon deuxième souhait : faire de 2014 l’année de la réactivation de votre relationnel. Comment ? En prenant l’engagement de renouer avec ceux que vous avez négligés (eux aussi…). Faites ce travail sur vos relations, sélectionnez ceux que vous avez envie de revoir et qui peuvent également enrichir votre vision professionnelle. Commencez par les retrouver puis envoyez-leur un message de sympathie traduisant votre envie de les revoir ; proposez-leur un déjeuner, un petit-déjeuner ou je ne sais quoi… mais fixez une échéance (vous avez douze mois devant vous…). Vous verrez comment une douzaine de déjeuners dans l’année 2014 vont changer les choses. Mais ne faites pas ça avant d’avoir transpiré sur la première étape afin d’être au top niveau dans le discours que vous leur livrerez car ils ne manqueront pas de vous demander ce que vous êtes devenu…

« Si tous les gars du monde… » disait la chanson… Bien entendu, je ne suis pas naïf : mes deux souhaits ne changeront pas la face du monde mais je suis sûr qu’ils aideront les lecteurs du Journal du Net dans leur évolution professionnelle ! C’est en tous cas, ce que je leur souhaite ! Bonne année !

Yves Maire du Poset

Lire l'article sur le Journal du Net : http://www.journaldunet.com/management/expert/56148/la-meilleure-facon-de-bien-demarrer-l-annee-2014.shtml 

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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 16:34

Cadremploi 22 novembre 2013    Un article de Céline Chaudeau auquel j'ai contribué avec d'autres et qui arrive au bon moment !

Voici 8 pistes pour faire la différence en entretien : les bonnes questions sur le poste, sur l'entreprise, sur l'avenir, sur la prochaine échéance... Sachez prendre la main !

Pour lire l'article, cliquez sur :

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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 16:22

JDN 25 nov 2013Un article complet de Fabien Renou sur ce sujet de l'entretien d'évaluation annuel, auquel j'ai contribué avec d'autres.

Voici quelques conseils sur la nécessaire préparation, à commencer par l'art de retrouver de la puissance professionnelle pour mieux se vendre et se défendre !

Pour le lire, cliquez sur :

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 13:56
Mon interview dans l'émission Tout Comprendre de Pascal Le Guern
 
L'exclusion des seniors doit cesser - Réussir l'intergénérationnel : une chance pour l'entreprise - Réconcilier vie personnelle et vie professionnelle - Valoriser l'expérience des seniors et leur maturité... 
 
 
Pour écouter l'émission, cliquez sur le bouton ► dans le player ci-dessous :
 
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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 19:09
Article Le Figaro 13 nov 2013INTERVIEW - Spécialiste des ressources humaines, Yves Maire du Poset regrette que la gentillesse soit souvent associée au fayotage. Il appelle à redonner «de l'humanité» aux relations entre collègues.
LE FIGARO - Célébrer une «journée de la gentillesse» souligne peut-être que nous en manquons. Serait-il si difficile d'être gentil en entreprise?

Il pèse souvent un soupçon sur la gentillesse, celui du fayotage. Cela concerne surtout la gentillesse envers ses supérieurs hiérarchiques. Il y a pourtant une différence essentielle entre les deux: être gentil, c'est être soucieux des attentes de l'autre, sans attendre de retour immédiat et évident. Alors que quand on fayote, ce n'est pas pour le bien de l'autre, c'est pour son bien propre. Je suis convaincu que le fayotage ne peut pas tenir très longtemps sans être démasqué.

Être gentil, ce n'est pourtant pas très difficile. La gentillesse est un ensemble de petits riens, en apparence insignifiants mais qui changent tout. C'est anticiper les besoins de l'autre, être prévenant, dans l'empathie. Dans ce monde où tout est payant, offrez quelque chose qui n'attend rien en retour. Concrètement, cela veut dire être courtois, aimable, sincère. Si vous invitez un de vos collègues ou votre assistant au restaurant, c'est bien. Mais une fois à table, n'oubliez pas de vous intéresser vraiment à lui, à ce qui le touche personnellement.

Qu'ont à gagner les entreprises à avoir des employés gentils? 

Les rapports en entreprise sont difficiles, souvent déshumanisés. Je circule en entreprise depuis une quarantaine d'années et je suis frappé par le manque croissant de joie de vivre dans les open-spaces d'aujourd'hui. La chaleur et l'honnêteté des rapports humains sont trop souvent passées au second plan, comme quelque chose de facultatif, de superficiel. C'est une erreur.

La gentillesse profite au business parce qu'elle est synonyme de communication, d'enthousiasme et d'honnêteté. Si quelque chose ne va pas dans un dossier, le dire gentiment permet de résoudre rapidement et efficacement le problème.

La gentillesse n'est-elle jamais une faiblesse?

Il faut rester aimable sans se faire écraser. Être gentil n'empêche pas de se fâcher, de s'imposer. On se croit souvent plus gentil qu'on ne le laisse paraître. À Sciences-Po, quand mes étudiants regardent les captations vidéos de leurs présentations, ils sont souvent surpris d'apparaître plus austères qu'ils ne le sont en réalité. Un petit sourire crispé ne suffit pas, il faut sur-jouer un peu la gentillesse pour qu'elle transparaisse.

Un conseil toutefois: il est inutile, voire risqué, de faire valoir sa gentillesse pendant un entretien d'embauche. Votre comportement parle de lui-même, pas besoin de le présenter comme un «point fort» sur votre CV. Mais vouloir jouer la carte inverse, celle de la méchanceté,en se faisant passer pour le requin prêt à tout pour la réussite de sa future entreprise, c'est faire fausse route. L'employeur risque d'avoir peur que cette énergie déshumanisée se retourne un jour contre lui.

Charles-Henry Groult 

 

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